“Changer la vie”
A- Une renommée Post-Mortem
Ainsi la notion de « Poète maudit » qui désigne un poète talentueux mais incompris, rejetant les valeurs de sa société, se conduisant de manière provocante et s’auto-détruisant (en particulier avec la consommation d’alcool et de drogues) et qui finit par mourir avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur ; correspondait en tout points à nos poètes Rimbaud et Verlaine. Le talent, ca ne fait plus aucun doute qu’ils l’avaient. Ainsi que la provocation, mais peut-on en dire de même pour la notoriété ? Comme nous le rappelle la problématique de notre sujet, le XIX ème siècle était un siècle énormément conformiste. Malheureusement pour lui, Rimbaud et Verlaine ne l’étaient pas. Et c’est pourquoi ils ont tant marquer les esprits. Rimbaud était considéré comme l’enfant terrible de la poésie française. Il lui est même arrivé de renier ce qu’il appelle “la main à plume” dans Une saison en enfer et il a renoncé à la littérature à partir de 1875. Pourtant son oeuvre, conçue entre 1870 et 1874, porte la marque du génie. Et sa figure s’impose plus que jamais dans les années où s’enfuit vers d’autres pays et un autre continent “l’homme aux semelles de vent”. De surcroît leur relation, aussi courte que passionnelle, n’était pas ce qu’on peut appeler bien vue. Alors pourquoi maintenant ces deux poètes sont reconnus au même niveau que les plus grands ?
Bien entendu les mœurs ont évolué. Grâce à l’impact qu’a eue la guerre, en bouleversant les rapports sociaux et les attitudes. Les rêves de « monde nouveau » que faisaient ces artistes sont de nos jours devenus réalité. C’est regrettable qu’ils ne soient plus là pour le voir. Mais après tout, personne ne peut nous garantir qu’ils se seraient sentis comme bon leur semblait à notre époque aussi. Rimbaud a renoncé à la littérature à vingt ans. Jusqu’à sa mort survenue en 1891, l’ancien poète a connu l’errance et l’aventure avant de trouver une relative stabilité dans des endroits lointains où son passé avait peu de chance de le rattraper : Aden, en Arabie, et Harar, ville sainte que l’on atteignait après des semaines de marche à travers le désert d’Abyssinie.
Pendant qu’il se livrait au négoce de peaux et de café, des revues littéraires françaises d’avant-garde commencèrent à s’intéresser à ce poète disparu de l’horizon parisien - et dont Verlaine venait de révéler les vers dans une étude intitulée Les Poètes maudits. Nul ne savait alors ce qu’il était advenu de lui, ce qui ne contribua pas peu à la fascination que ces poèmes exercèrent sur leurs premiers lecteurs.
Rimbaud ne resta pas dans l’ignorance de la notoriété que lui valait, dans sa patrie, son œuvre poétique de jeunesse. Comme son patron Alfred Bardey, informé par le hasard d’une rencontre sur un bateau, se risquait un jour à l’interroger sur ses poèmes, Rimbaud ne cacha pas sa désapprobation : ” Des rinçures, ce n’étaient que des rinçures “.
B- Un héritage intemporel
Il est certain que nous pouvons définir Rimbaud et Verlaine comme des précurseurs de la poésie moderne. Plus précisément Arthur Rimbaud qui fut l’un des poètes les plus précoces et les plus précurseurs de son temps, et qui est à l’origine de la poésie moderne. Il fait la connaissance en 1870 de Georges Izambard, un jeune professeur qui deviendra pour lui un père de substitution. Il l’initiera à la poésie, et Rimbaud écrira ses premiers poèmes notamment Ophélie et Soleil et Chair, qui révèlent une tendance parnassienne. Durant sa jeunesse, il fera une longue série de fugues pour s’éloigner de sa mère et de son village natal qui l’étouffent. A la suite de quoi il fut nommé « l’homme aux semelles de vent » par Verlaine, le voyageur qui a toujours voulu aller plus loin vers l’inconnu. Cette envie de voyager se répercute dans ses œuvres qui évoquent sans cesse la métamorphose ou le mouvement (l’aube, le départ…). Après avoir été attirée par le Parnasse, la poésie d’Arthur Rimbaud le rejette et devient de plus en plus sarcastique. Il exposera alors dans une lettre, la célèbre Lettre à Paul Demeny ou Lettre du Voyant, sa propre quête de la poésie : il veut se faire « voyant », par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Elle montre la révolte du poète maudit, qui rejette l’éternel ordre des choses.
Rimbaud refuse les traditions en refusant la versification : Rimbaud ici choisit d’écrire des poèmes en prose. Grande nouveauté pour la poésie, découverte dans son recueil Illuminations. Il refuse aussi le lyrisme et prône l’abandon du « je » ( car « je est un autre »). Il dépasse ainsi le stade de la poésie sentimentale et se lance dans la posésie moderne. Les poètes exploitent aussi La théorie de la voyance :
le langage poétique doit permettre d’ « accéder à l’inconnu », de créer un monde nouveau. L’image (métaphores, comparaisons…) devient le premier matériau du poète pour inventer cet univers imaginaire, et il ne s’agit plus de transmettre clairement un message, mais d’inventer et de bouleverser nos représentations.
Cet héritage que nous ont laissé ces deux grands hommes est inestimable. Tellement que certains de leur vers furent repris de nombreuses fois dans des chansons, mais le plus incroyable reste bien sûr le fait que d’innombrables artistes leur ont rendus hommage, dans leurs chansons ou autres. Renaud, Zazie, Serge Lama, Michel Sardou et j’en passe en font partie.
(http://www.mag4.net/Rimbaud/Chansons.html)
De nombreux films ont été produits pour ne pas que la génération future oublie ces deux artistes, tels que Rainbow pour Rimbaud, Eclipse totale ( film que nous avons souhaité étudié ), L’Afrique de Rimbaud etc ..
Bande annonce :
Total Eclipse