La notion de Poète maudit

Le « poète maudit » est un concept inventé par Paul Verlaine, dans son ouvrage Les poètes maudits, qui est une biographie ou une notice, de six Poètes, à savoir : Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle-Adam et Pauvre Lelian (anagramme de Paul Verlaine lui-même).

Même si, chez ces auteurs, il est plutôt question de Parnasse décadent, le poète maudit est une figure mythique de la pensée du XIX° siècle, qui prends son essor chez les romantiques avant d’être continué par le Parnasse et surtout , le symbolisme.

La notion de poète maudit désigne en général un poète talentueux qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d’alcool et de drogues), rédige des textes d’une lecture difficile et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur.

Le Poète maudit, entre un Idéal avare de communication et un auditoire sourd, vit dans l’échec ; mais il est souverain dans sa solitude ; il peut dédaigner ce qui, des deux parts, se refuse à lui ; il incarne une aspiration infinie, qui vit d’elle-même.

Ce mythe se caractérise par son historicité et par son caractère assimilateur : il évolue, s’adapte, varie notablement d’une époque à une autre, d’un type d’écrivain à un autre.

D‘autres poètes (antérieurs ou postérieurs) seront par la suite considérés comme proches de cette attitude littéraire : François Villon, Thomas Chatterton, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Lautréamont, Charles Cros, Germain Nouveau, Antonin Artaud, Olivier Larronde, Émile Nelligan, John Keats, Serge Gainsbourg, Edgar Allan Poe, voire même Jim Morrison.

Les Poètes maudits est un ouvrage de Paul Verlaine publié en 1888 :

Le poète y rend hommage au Parnasse français « décadant » qui marqua la fin du Second Empire et les débuts de la Troisième République. Les commentaires éclairés de Paul Verlaine, qui fréquentait personnellement ces auteurs, se ponctuent d’anecdotes de première main.

La notion romantique de malédiction du poète apparaît déjà en 1832 dans l’ouvrage d’Alfred de Vigny, Stello qui expose le problème des rapports entre poètes et société « (…) du jour où il sut lire il fut Poète, et dès lors il appartint à la race toujours maudite par les puissances de la terre… ».

Figure tragique poussée à l’extrême, versant à l’occasion dans la démence, l’image du poète maudit constitue, en quelque sorte, le sommet indépassable de la pensée romantique. Elle domine une conception de la poésie caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle.

Nous avons trouvé deux recueils «  représentatifs » de cette notion de poète maudit.

Romances sans paroles (1874)

Ces poèmes ont été composés pour la plupart en 1872 et 1873 ; plusieurs se ressentent d’une influence de Rimbaud, auquel Verlaine emprunte des thèmes et des rythmes de chansons. Les impressions de voyage (Paysages belges) voisinent avec les vers lyriques des ” Ariettes oubliées “, où domine une immense tristesse (il pleure dans mon cœur). Si le terme ” romances ” évoque une chanson sur un thème sentimental, l’expression ” sans paroles ” désigne sans doute le refus du discours, la recherche d’une poésie presque ” au-delà des mots ” qui soit seulement chant de l’âme, respiration, murmure. Le recueil se compose d’Ariettes oubliées (9 poèmes), de Paysages belges (7 poèmes) et d’Aquarelles (7 poèmes).

Une saison en enfer

est un recueil de poèmes en prose d’Arthur Rimbaud. Rédigé en juillet 1873 après une période de crise dans la vie du poète — l’accident de Bruxelles avec Verlaine et le retour à Roche dans la ferme familiale — à partir d’une ébauche commencée quelques mois auparavant, le Livre païen ou Livre nègre.
Chant païen halluciné, le poème est aussi une profession de foi, marquée par la quête du salut, les déceptions sentimentales et artistiques, et un réquisitoire contre la civilisation occidentale et ses valeurs.
« Prodigieuse autobiographie psychologique, écrite dans cette prose de diamant qui est la propriété exclusive », de son auteur, selon les termes de Paul Verlaine.

Une saison en Enfer reste dans l’histoire de la littérature une œuvre fondatrice.